Le parfum du premier jour du Monde
Dialogue intérieur de la bergère
La nature dans sa pleine générosité accueille une nouvelle fois nos âmes avides d’absolu.
Les corps se trouvent, se sentent, s’expriment, se posent et se retrouvent, se tendent, se détendent, se donnent, se lâchent, se re lâchent, soupirent, s’invitent dans une danse d’une profonde intensité. Intimité et intensité dialoguent dans une heureuse louange. Celle d’un éternel mouvement qui ne cesse d’être créateur de lui-même.
Tout à l'entour est habité de grâce. Du chant de la pluie légère ou plus appuyée, à la lumière mouvante sur le lac étalé aux abords de Nous; du jonc qui plisse sous la délicatesse des gouttes dont il se pare, aux bouquets tendus à l’aube par le pin bienveillant sur lequel a pu se nouer le lien de la toile qui nous abrite; de la lune orangée bien heureuse de naître devant nos cœurs ouverts à la nuit, au gris feutré du matin laissant une multitude de nuances sous nos paupières au repos; des conversations joueuses des oiseaux, à ta main qui se fait présence sur mon ventre.
Cela se goûte comme le parfum du premier jour du Monde. Celui dont on n’a trouvé d’autres termes que celui d’éternité. Il porte d’ailleurs en lui la première lettre de l’alphabet. Et qui sait si, à elle toute seule, elle n’est pas aussi son Oméga.
Amour, Abandon, Abondance, Accueil, Aimer, Aimer Aimer…
Comme une multitude de mots pour exprimer ce qui n’a ni début ni fin, le Tout, l’unité, le plein, la manifestation du vivant.
L’Amour se partage abondamment pour que l’on n’oublie pas l’essence de ceux que NOUS SOMMES; ce JE SUIS au pluriel si bien illustré par le mot “Ubuntu” véhiculé par une langue africaine, le bantou. Il signifie: “je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes”. On peut aussi le traduire par “humanité”, ou “générosité”. Ubuntu a cette saveur de l’ indélébile joie de l’échange authentique.
Je le goûte au travers du subtil parfum de ta peau sous ma langue mêlant sa texture et ce qui m’émeut mais ne trouve pas de mots.