Cela s'appelle l'Amour
La bergère
Bien sûr, tu as ouvert la valse des émotions et cela n’a pas tardé à chercher à se faire entendre en moi. Il est enfin arrivé cet Amour capable d’entendre et d’accueillir sans jugement, sans récupération. Il m’est enfin donné de pouvoir dire d’où je viens, de pouvoir nommer les souffrances plus ou moins ordinaires et plutôt plus que moins nombreuses, qui m’ont été données à vivre. Il m’est enfin offert un amoureux qui peut recevoir sans crainte d’être enseveli sous la douleur; Qui peut recevoir sans m’enfermer dans la douleur et sans faire de moi un objet de souffrance qu’il faudrait sauver ou laisser s’enfoncer; Qui peut recevoir sans se sentir au delà, plus fort, moins souffrant; Qui peut recevoir ma souffrance sans s’en servir pour faire valoir que lui, va bien; Qu’il va même super bien au regard de ce qui va de travers chez moi.
Je peux enfin, timidement, laisser couler une larme pour celle en moi qui craint de ne pas être aimable; de ne pas être aimée; d’être lâchée en plein vol alors que son cœur est grand ouvert.
Aimer ouvre aux plus grandes angoisses. Aimer ouvre aux peurs de revivre ce qui a été un cœur à vif n’arrêtant plus de saigner pendant de longs mois, peut-être plus longtemps encore. Aimer demande tant de courage quand l’Amour n’a pas été pour le nouveau né. Se laisser Aimer est un tel gage quand l’empreinte a été de ne pas être accueilli en ce monde. Aimer demande tant d’espoir quand l’Amour a été retiré subitement à l’épouse amoureuse. Se laisser Aimer demande tant de résilience quand la flamme intérieure a été détournée pour nourrir celui qui se disait aimer. Aimer demande d’y croire encore quand l’expérience a montré tant d'hommes incapables d’aimer. Aimer ne peut être qu’après un long voyage dans les entrailles de l’être. Aimer ne peut être qu’avec un cœur et des bras grands ouverts à Soi pour s’accueillir quoi qu’il en soit et se choisir par-dessus tout. Se laisser Aimer ne peut être que du fait d’Aimer follement et de s’en remettre à la grâce du Vivant. Se laisser Aimer ne peut être que parce que l’Amour m’est offert pleinement par l’être Aimant que tu es mon Amour.
Les souffrances passées ne font pas de moi un être qui va de travers. Elles font de moi un être clairvoyant qui n’a jamais renoncé à l’Amour, qui sait que cela existe et que cela demande avant tout de prendre soin des êtres malmenés que l’on a été.
Les souffrances passées font de moi un être sensible et Aimant qui sait dans ses entrailles à quel point l’Amour et la reconnaissance sont le sel de la Vie.
Je sens aujourd’hui que nous sommes là l’un avec l’autre avec notre capacité à nous accompagner dans ce que nous traversons. Cela a pour conséquence l’apaisement de ce qui cherche à se guérir en nous.
Cela s’appelle l’Amour. Et c’est un don du ciel de le vivre.
Le berger
Merci… Oui je reprends ce qui semble tellement libérateur : “ Cela a pour conséquence l’apaisement de ce qui cherche à se guérir en nous ! ” Je pense que nos corps le vivent pleinement en présentant cet état de réciprocité de notre Amour avec un grand A. J'ai l'impression que t'aimer et déjà une vastitude. Je m'y perds et j'aime ça...
La Bergère Oui mon Amour. Et cela m'amène à voir à quel point nos connexions à distance, même si elles sont pleines, ne sont pas suffisantes. La rencontre de nos corps nous donne à guérir nos cœurs, à nous apaiser. Se perdre l'un avec l'autre ou peut-être l'un dans l'autre est une délicieuse expérience.
Le Berger Oui que des oui...
La Bergère En plus des vibrations de ton cœur et des empreintes de ton corps, j'ai gardé quelques infimes cellules de toi qui ont transité en moi. Elles s'appellent “virus”. 😉
Le Berger
Atchoum, Bah beaucoup de repos fait que ça va peut-être un peu mieux pour moi.... Tout ce que je sais c'est que c'est plus facile de se sentir fragile que fort...
La Bergère
J'aime beaucoup lire ça de ta bouche. Il a fallu tant de courage à paraître fort, alors qu'il est si simple d'être avec tout ce qui est humain. Au delà d'aimer lire ça de ta bouche, j'aime ta bouche. Et même si cela me vaut quelques microbes, il m'aurait été impossible de ne pas l'embrasser, de ne pas laisser nos langues se goûter, s'enivrer l'une de l'autre.
Le Berger
Je relis ton cadeau… Le dernier post a bien pour moi la clairvoyance de ce que nous vivons. Souvent la vie se retrouve à illuminer des paradoxes : et tu écris “Aimer ouvre aux plus grandes angoisses.”
Aimer Aimer… Ce mouvement d'expansion se retrouve à transmuter ce que l'on est. À transmuter ce que l'on a été... Ce paradoxe est bien mien aussi... Ça reste presque une gageure de s'avancer sur ce chemin. En tout cas de la façon dont on le fait : A coup de botte de 7 lieux. Mais l'absolu ne se pose pas de questions de vitesse. Il appelle et nous y plonge avec nos mains qui se tiennent réciproquement. “ L'amour cet inconnu ! ” Je reviens sur ma définition de l'amour inclusif. Dans cette notion d'être au moins 3 nous deux faces au monde. De la même manière qu'un cosmologiste dirait on ne connait que 5 a 10% de notre univers car le reste de la matière ne nous est pas visible… Notre amour non exclusif se fait à 3 nous deux et l'inconnu. Ça donne une autre lecture à notre P.K. ( Philippe Katherine) dans la chanson d'un homme vrai... Où il est dit ,” c'est encore la première fois”. C'est un peu de cette façon, avec notre authenticité, nous plongeons encore et encore dans cet 'inconnu main dans la main à chacune de nos rencontres. Et le paradoxe du paradoxe : avec une confiance de plus en plus grande, alors que les plus anciennes couches de fragilité de nos constructions humaines font jour. La vastitude de notre courage se mesure au fait d'avancer en connaissant notre plus profonde fragilité
La bergère
Je lis ça de Christian Bobin qui vient faire écho à ce que tu me disais hier soir de ce que “ se sentir fragile est plus facile que de se sentir fort ” : “ Et être invincible, c’est ne pas soumettre sa vie à l’ordre du monde. C’est laisser sa vie dans la plus grande respiration possible, dans la fantaisie, parfois dans le silence, dans une parole qui sera toujours vive, fraîche, non conventionnelle. Être invincible c’est juste être vivant. ! Christian Bobin L’orient littéraire (juin 2020)
Être invincible ou être fort ont été interprétés de travers. Être fort, c'est accueillir ses fragilités comme des manifestations du Vivant. C'est être ouvert à ce qui est en Soi et non soumis à ce qui devrait être selon un ordre extérieur. Être fort, c'est laisser la vie circuler en Soi …
Le Berger
Yep !